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Retrouvez en ligne nos numéros  de l'"Echo des Pintades", le journal qui "résonne" de nos chants et palabres. Pour un retour sur les événements qui nous ont marqués durant l'année...
 
L'écho des Pintades

Et ouaalaaaà ! Nous revoici déjà à l’heure des bilans. Une année s’est écoulée sans qu’on ait eu le temps de méditer ou de se poser les vraies questions. Et pourtant, si l’on arrête un peu de courir, si l’on cesse de s’agiter afin que retombe vers le fond la vase des questions inutiles, les questions essentielles nous apparaissent de façon beaucoup plus limpide. Elles nous interpellent sur le sens de nos actions : où en sommes-nous du soutien aux jeunes collégiens de Boala ? Faut-il poursuivre toujours de la même façon ou doit-on avancer dans  nos objectifs ? Quels enjeux visons-nous réellement ? Et surtout, surtout : sommes-nous certain(e)s que nos interventions ne produiront pas plus de dommages  que ce qu’elles apporteront de bienfaits. Autant de questions qui, s’il est difficile d’y répondre avec certitude, ont le mérite de nous éviter de nous endormir dans la (fausse) mais confortable illusion que tout va bien, qu’il n’y aurait rien à changer dans nos habitudes.

Nous qui voyageons un peu, savons que rien n’est jamais acquis, que ce que l’on croyait avoir planifié dans les moindres détails ne résiste parfois pas aux impondérables (et ils sont nombreux) de la terre africaine, que l’on a beau multiplier les précautions lorsqu’il s’agit de faire appel à des intermédiaires, on n’évitera jamais totalement les risques de corruption ou simplement d’abandon  de certains principes lorsque la tentation devient trop grande.

Faut-il pour autant renoncer à faire sa part (de colibri, diraient certains ) ?

Nous pouvons répondre sans trop de mal : bien sûr que non, parce qu’à l’heure où le fanatisme gagne ; la solution la plus efficace, même si elle requiert un certain temps avant que l’on en constate les bénéfices, c’est bien l’éducation. C’est l’éducation, qui ouvrant aux connaissances du monde, peut faire reculer  les peurs les plus toxiques qui nourrissent les haines et engendrent les conflits. C’est l’éducation des filles en particulier qui fait avancer les sociétés d’un pas et rend possible la justice et l’égalité. C’est l’éducation enfin qui donnera les clefs du développement de demain. Elle permettra également d’apporter des solutions face aux problèmes de santé.

Aussi, tout ce que nous pouvons faire, à notre échelle, pour défendre l’éducation, nous continuerons à y mettre toute notre énergie. Les petits qui ont réussi leur BEPC, et vont pouvoir envisager de poursuivre leur formation, c’est après tout, le plus important pour nous.

C’est d’ailleurs cela qui nous donne l’énergie de continuer ainsi : pour eux qui ont réussi leur contrat au collège, nous devons trouver des « Songdas » (parrains, marraines) afin de les aider à poursuivre ; pour les plus jeunes qui démarrent, nous devons veiller à ce que les questions matérielles n’hypothèquent pas leur réussite scolaire. Pour les jeunes filles- souvent très réservées- que nous suivons, il nous faut créer un lien et  un climat de confiance ; car elles ont vraiment besoin que l’on croie en elles, besoin d’être confortées dans l’idée qu’en poursuivant leur scolarité, elles font le choix le plus judicieux. 

Donc oui, avec le recul, il y a des choses que l’on n’aborderait peut-être pas de la même façon, mais après tout, le plus important est de rester fidèle à notre engagement, de poursuivre avec la même conviction, sans chercher à en tirer la moindre satisfaction, ni la moindre fierté, aider à rétablir certains équilibres. La pintade refuse l’idée de faire la charité et de se donner une bonne conscience. Elle ne connait que l’expérience de l’échange, du respect réciproque et des relations d’amitié qui au fil du temps ont pu se lier, s’entrelacer, créer la trame des relations actuelles.

Ainsi, si le temps est revenu de faire un peu les bilans, cest une bonne chose ; car c’est aussi le moment où la pintade gamberge, essaie de trouver des idées nouvelles, rêve qu’elle se retrouve sous les baobabs de Boala, ou dans la pénombre des salles de classe, toujours prête à tisser d’autres liens, où elle rêve – et pourquoi cela ne serait-il pas permis ?- de voir un jour Nimbi, Emile, Lallé, Yacouba, Zarata et tous les autres réaliser leur propre rêve pour ramener vers d’autres ce qu’ils auront eux-mêmes reçu.

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