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«  Démocratie » et « Tonton Jean »

Les voilà de retour comme une évidence !

Lorsqu’on a bien (ou trop ou mal !) assimilé de nourriture, les conséquences ne se font pas attendre………..timide, provocante, odorante, insignifiante, touchante, bruyante, poétique ou  incompréhensible il y en a pour tous les goûts mais un fait est certain :

La pétoule est un don de soi !

A chacun de la recevoir comme il l’entend ou comme il la sent !

Son masculin « le pet »  est porteur de plus de grivoiserie voire d’un machisme révélateur.

La pétoule se veut plus subtile, plus ronde ; généreuse, elle chemine vers vous comme pour vous conquérir. Surtout ne pas la limiter à ce gaz intestinal qui s’échappe de l’anus avec bruit…… dans mon cas, je préfère la version poétique de « lâcher des vents » !

Certes pas un vent d’harmattan en cette période de fin de récoltes mais un vent de liberté, de rires ou l’absurde côtoie une réalité difficile. En route vers le village oublié de Yalga : la piste est défoncée, on avance cahin-caha, on se perd souvent dans les champs de sorgho et de mil. On ne quitte pas Boala son effervescence et sa vitalité sans s’égarer et se dépouiller !

A l’arrivée tout est immuablement en place. Le décor est posé : l’école, et face à elle, une maison vide d’enseignants pour nous accueillir……..

Les chefs traditionnels sont là qui proposent de partager l’eau de bienvenue, le zom koom, dans une calebasse qui passe de dents édentées à des bouches serrées….et puis les enseignants, les femmes, les enfants, les curieux, on retrouve les gestes, les sourires, les chants, les danses. Le temps s’écoule comme il veut à Yalga et la sensation d’être vraiment au trou du cul du monde nous ennivre insidieusement. On tricote et re-tricote des liens annuels dans ces salles de classe sans appréhension, qu’importe si on a chaud, soif, faim, si les coupeurs de route sont de plus en plus présents dans ces zones et si les moustiques sont décidemment de plus en plus gros et organisés……ne rien prévoir, s’abandonner , se délivrer…et à la nuit tombée, participer aux danses des femmes en habits de fête, imiter toujours maladroitement les rythmes, chanter en simulant des sons, se déhancher et rencontrer des fesses rebondies et dynamiques pour la traditionnelle danse « tape fesses »………le ridicule ou l’absurde serait-il atteint lorsque nous proposons, dans ce cercle de femmes chaleureux et coloré, l’hymne de la pintade sur l’air d’une chanson à boire « la boiteuse » ?…….et oui, nous dandinons du popotin, nous ouvrons nos ailes, nous mimons la crête :

 « ha ! Jamais on n’a vu, on ne verra, une pintade avec une si jolie crête,

 ha ! Jamais on n’a vu, on ne verra une pintade avec un cœur comme ça !!! » 

Si ce n’est pas de l’abandon ça !!!!!!!!!

Et que dire de la soirée qui s’ensuivit……….à la lueur d’une lampe avec les étoiles qui se bousculaient pour nous épier et se moquer gentiment de nous, je le sais je les ai entendu rire et pouffer…….. Imaginez quatre nasara (blanches en mooré) un peu en apnée émotionnelle, accompagnées d’ enseignants avides de discussion et d’échanges avec notre cher Aristide qui, ce soir là, a fait le show………. très vite les sujets abordés  ont glissé sur la politique, le Mali, l’économie, la position de l’Europe ….les discours étaient précis , les interventions argumentées…les dates, les noms ……les  quatre pintades semblaient bien égarées, les neurones en apesanteur , le cerveau en état de méduse , la langue plus inerte que jamais comme un loukoum dans un bocal fermenté  et ce clown d’Aristide qui provoquait un max :« avec votre démocratie là, regardez où vous en êtes ?????........ha ! Sarkozy, ça c’était un type !!!!!!! Parfois la dictature éclairée ça a du bon…………. »  liquidifiée, anéantie, mon corps et  mon esprit incapables de réagir à cette provoc.  Le choix ? aller rejoindre mon matelas puant et rongé par les souris ……avec comme compagne une charmante chauve souris et quelques araignées qui manifestaient leur mécontentement vis à vis de ces étrangers envahisseurs ; ou bien argumenter, défendre un idéal, une conviction, un engagement, organiser une manif, préparer des banderoles, tout ce qui fait qu’on se bat, qu’on lutte, qu’on y croit..  Qu’on « s’indigne » . Le champ des possibles  quoi………….. ????

Et pourtant à Yalga rien n’est comme ailleurs……je suis partie rêver avec mes copines animalières sans toutefois faire la bise du soir à Aristide !!!!!

Le lendemain, on nous offrait des coqs et des poules. Le plus gros, celui qui promettait d’être un bon reproducteur a été nommé « démocratie » et le plus petit « Tonton Jean » (deuxième prénom d’Aristide)…il fallait bien une conclusion à cette pétoule là.              Isa nov2013

 Carnet de Neerwaya

Pétoules de Neerwaya   

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